Les concernés, toujours en détention provisoire, nient les faits et sont soutenus par les représentants syndicaux qui ont aussitôt réclamé leur libération sans condition. « Ils doivent être libérés, Ambatovy doit leur apporter assistance car ils sont présumés innocents », explique un mineur, qui se dit « déterminé à aller jusqu’au bout ».
Les conséquences du débrayage
Si les responsables d’Ambatovy affirment que l’usine de raffinage située à Toamasina, à plus de 220 kilomètres vers l’est, et dont les équipes ne sont pas en grève, n’a pas été affectée au tout début du mouvement, elle commence cependant à pâtir des conséquences du débrayage des mineurs de Moramanga.
« L’usine de Toamasina reçoit moins de minerais et sa production a été réduite de 40 %, ce qui est considérable. Nous poursuivons le dialogue, mais nous sommes face à un mouvement où les revendications varient souvent et prennent une tournure étrange », déclare Louis Roland Gosselin, vice-président chargé du développement durable du projet minier Ambatovy.
« Une cargaison d’armes à feu »
Mais en lieu et place d’un ordre de perquisition, il s’agit d’une demande d’ordre [de perquisition] adressée le 24 mars au procureur d’Antananarivo par le chef de service des affaires criminelles et spéciales. Sur la lettre figurent un tampon rouge et une simple mention « vu et accordé ». Pour Ambatovy, qui se défend de stocker des munitions sur son site de Moramanga, la document porté par les gendarmes suffit pour conclure à « une possible machination ».
Sous couvert d’anonymat, un cadre malgache de la société confie que la demande de perquisition pourrait être liée à la grève des mineurs en cours. « Ils cherchent à torpiller les négociations. En fait, ils sont soutenus par certains hommes politiques avec qui Ambatovy a eu des relations houleuses pendant la période de transition [entre 2009 et 2013]. »
Forcer le barrage
Ambatovy, un consortium canadien, japonais et sud-coréen, a démarré sa production en 2012 avec pour objectif d’exploiter 60 000 tonnes de nickel et plus de 5 000 tonnes de cobalt raffiné annuellement pendant trente ans. Ses responsables affirment que, pour l’instant, la grève des mineurs d’Ambatovy ne risque pas d’affecter la production totale de 2015. Pour l’instant seulement, car les grévistes, eux, semblent déterminés.
Source : lemonde.fr