Mais aujourd’hui, c’est la faiblesse de son assise politique qui menace de provoquer sa chute. A une écrasante majorité (121 sur 125 votants), les députés ont choisi, mardi 26 mai, de destituer le président malgache qui, faute de représentants élus sous sa propre bannière, avait su jusque-là se bricoler une majorité parlementaire précaire.
« Violations graves et répétées de la Constitution »
Mettant en doute « le respect des procédures légales » lors du vote parlementaire et évoquant ses « suspicions de corruption », Hery Rajaonarimampianina a suggéré l’une des raisons de cette attaque lors d’une allocution tenue mercredi à la télévision nationale : « J’ai toujours refusé (…) d’accorder des avantages que les députés ne méritent pas au regard du contexte, notamment de leur accorder gratuitement des véhicules 4 x 4. » Neuf Malgaches sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour (1,80 euro).
Pour Mathieu Pellerin, chercheur à l’IFRI et spécialiste de Madagascar, « il est fort probable que les rumeurs insistantes d’une dissolution de l’Assemblée nationale par le président aient poussé les parlementaires à sauver leur peau ». Les députés des deux camps rivaux d’Andry Rajoelina et de Marc Ravalomanana, ex-président renversé en 2009 mais rentré à Madagascar en octobre, se sont cette fois-ci alliés pour faire voter la destitution du chef d’Etat.
« La situation nous arrange, car même s’il ne tombe pas cette fois-ci, cela le fragilise pour les élections de 2018 que nous préparons déjà », confie un proche de Marc Ravalomanana. Si la destitution d’Hery Rajaonarimampianina était prononcée, une élection présidentielle anticipée devrait avoir lieu. Un scénario que refuse d’envisager Béatrice Attalah, ministre des affaires étrangères : « Nous sommes en train de réussir à faire revenir les investisseurs étrangers, Madagascar a besoin de stabilité. »
Source : lemonde.fr