Face aux caméras et aux notables venus nombreux, les deux hommes sont tout sourires. Il y a de quoi. Dans un pays en grave crise politique et économique, depuis trois ans, ils lancent le projet minier Ambatovy, le plus grand de l’histoire de Madagascar.
Ambatovy, un nom synonyme de gigantisme. Il pèse plus de 4 milliards d’euros d’investissements, représente cinq ans de travaux et de négociations, au moins vingt-neuf ans d’exploitation.
Chaque année, 60.000 tonnes de nickel et 5.600 tonnes de cobalt seront extraits de la mine de Moramanga, au centre du pays. Elles traverseront 220 kilomètres de forêts en direction de l’usine de Tamatave, puis de l’océan Indien.
Cap enfin sur les juteux marchés asiatiques, la Chine en particulier. Quelques mois plus tard, le nickel malgache sera composant électronique ou coin américain. Il deviendra alors le premier produit exporté de Madagascar. Loin devant la célèbre vanille.
«Ambatovy va changer la donne à Madagascar!»
Pour l’Etat malgache, Ambatovy, c’est une manne de plus de 38 millions d’euros par an. Sans compter les quelque 20 millions d'euros gracieusement offerts au gouvernement par l’usine en charge du projet.
Un cadeau âprement négocié qui ces prochains mois devrait se transformer en routes, écoles ou hôpitaux, de milliers d'emplois censés être créés. Pour Daniella Randriafeno, la ministre des Mines malgache, le projet Ambatovy va changer la donne à Madagascar:
«Ambatovy, c’est l’assurance d’un développement économique et social. La concrétisation d’années d’efforts politiques pour développer le secteur minier. Une chance pour le pays.»
Pas tout à fait faux… Pas complètement vrai non plus. Ainsi, dans son dernier rapport daté de la fin octobre, la Banque mondiale nuance:
«Le PIB malgache devrait connaître une croissance plus forte dès cette année, reflétant le démarrage du projet Ambatovy. Néanmoins, il ne devrait pas y avoir d’effets favorables à court et moyen terme sur l’emploi et les conditions de vie des ménages.»
Autrement dit, si en ces temps de crise, Ambatovy est une aubaine pour l’Etat malgache, il n’est pas certain qu’il le soit pour les Malgaches.