Bonjour. Je me présente Didier Hariniaina Ramamonjiarisoa RANDRIAMANANTENA connu par mon nom de plume Didier Mada BD ou Didier Mada. Ce pseudonyme vient de l’association Mada bd, créée avec mes collègues bédéistes malgaches en 1993 au cercle Germano Malgache (CGM) d’Antananarivo.
Depuis une dizaine d’année, je vis en France où j’exerce mon métier pour porter haut le savoir-faire des bédéistes malgaches à l’étranger. Je suis auteur de bandes dessinées, illustrateur, peintre et infographiste, mais je consacre beaucoup plus de temps à la bande dessinée. J’étais vice-président de l’association « L’Afrique dessinée » de 2006-2009. Une association qui a pour but de faire connaître la bande dessinée africaine à travers le monde. Plusieurs membres qui sont passés par cette association sont très connus dans le 9ème art en Europe.
Tout petit, je dessinais et peignais plus particulièrement des portraits. A l’école, au lycée ou à l’université, les professeurs et les élèves commandaient des portraits ou des illustrations. Certains disent que c’est un don, mais je l’ai approfondi en autodidacte.
Mes débuts en tant qu’auteur de bandes dessinées remontent en 1991 au CGM. J’ai suivi des études de dessins, peinture et bandes dessinée dans cet établissement sanctionné par un prix d’excellence à l’issue de mes études. Auparavant, vers 1986, j’ai été sollicité par deux journaux pour faire des caricatures et illustrations : il s’agit de la Revue de l’océan indien et du Journal Mada.
Il s’ensuit des publications de plusieurs titres de BD collectives, solo ou en studio à Madagascar.
En 1997, mes projets de bandes dessinées historiques sur Madagascar ont vu le jour - le plus connu sous le nom de « Nampoina »- une histoire du grand roi Malgache Andrianampoinimerina ou Ombalahibemaso qui régnait de 1797 à 1810 - dont le 1er tome, en version malgache, était éditée par Mada BD dans un album collectif intitulé « Ny lasa no miantoka ny ho avy ». Il a été ensuite publié dans le journal l’Express de Madagascar en 2000, puis réédité en album solo en 2002 par Mada BD et coédité par le CGM en version française. Madagascar magazine a publié « Nampoina » en version française durant 3 ans. La publication du deuxième tome, dont les planches sont actuellement terminées, interviendra au moment opportun.
En 2001, j’ai publié une autre bd historique sur Madagascar intitulée « Anosy » en collaboration avec Jean Aimé Rakotoarisoa, directeur du musée et d’archéologie d’Antananarivo, Isoraka. Trois dessinateurs ont participé à cet album : Gérard Rakotondrazafy, Mamy Raharolahy et moi-même. Ces deux dessinateurs étaient membres de l’association « Mada BD Kolontsaina ». BD publiée ensuite dans le quotidien « Madagascar Tribune ».
A l’époque de l’âge d’or de la BD malgache, j’étais encore sur les bancs de l’école. Je ne suis pas parmi les acteurs principaux de cette période, mais je suivais de près la bande dessinée malgache. D’ailleurs, plusieurs auteurs qui sont très connus à cette époque sont devenus mes amis, comme le feu Rakotoniaina Arthur, le pére de RaDanz, Tsimatimanote, Belamonta ou Rakotosolofo Gilbert qui est l’auteur de Romy, Zazavavindrano, Bobel, zafirija, Ra-lery, Zida etc…
Effectivement, les années 90 étaient très difficiles pour les auteurs et les éditions qu’on appelle « l’âge noir » de la BD Malgache. La crise politique profonde avait impacté assez durement les dessinateurs. Il faut savoir que 80% de publications locales étaient en autoéditions ou indépendantes. C’est à cette période qu’est née « Mada BD Kolontsaina ». Nous étions environ 20 auteurs de bandes dessinées. Notre but principal était de relancer la BD malgache en publiant des albums collectifs mais également de publier un répertoire des auteurs de BD malgache.
Nous pensions faire des albums cartonnés comme ceux des grands dessinateurs parus à l’étranger. Pour ce faire, j’organisais, avec l’appui de plusieurs dessinateurs, des festivals ou des expositions vente de BD annuellement. Nous avons ainsi exposé des planches originales pendant quelques années avant de publier nos premières bd.
Notre démarche a ainsi connu un succès car en 1997, notre projet était retenu par le service culturel de l’ambassade de France à Madagascar et le Centre Culturel Albert Camus (CCAC) : projet dénommé SARY GASY, album collectifs de plusieurs dessinateurs malgaches. 2 dessinateurs étaient ensuite invités au Gabon en Novembre 1999 et 4 dessinateurs, dont j’étais le chef de file, au festival international de la BD d’Angoulême en Janvier 2000, temple du festival international de BD. Le projet était soutenu par le feu Guy Vidal, ancien directeur littéraire de chez Dargaud.
Deux années plus tard, le CCAC (Actuellement institut français de Tananarive) a publié le répertoire de Bédéistes malgaches intitulé MADABULLE et à partir de 2005, il organise un festival de BD Baptisé Gasy Bulle à Madagascar.
En juin 2003, quand j’ai été invité au centre Belge de la Bande dessinée pour une exposition de Bulles d’Afrique, j’ai exposé la BD historique intitulée « Mai 1972 ». A cette occasion j’ai eu une information qu’un concours sur la bd africaine sera organisé par Africa e Mediterraneo en Italie. Ce prix de la ville de Bologne m’a permis d’éditer un autre album sur la bd historique « IMBOA - Le roi et Ifara ». Ce fut le 1er BD malgache édité en Europe et bilingue : française et néerlandaise en deux éditions - Lai Momo et Noxfam Novib.
Par ailleurs, la BD « Enfant de rue », est éditée dans un album collectif africain en deux versions, français et anglais. Cette dernière a été éditée aux Etats-Unis par le Musée d’Harlem et exposée en permanence avec les œuvres des auteurs de BD Africain au Musée d’Harlem à New York de novembre 2006 à mars 2007.
J’ai participé également à l’album collectif africain « New Arrivals » édité par Lai Momo en 2006 en 4 langues, Italien, anglais, français, espagnol et grec où mon œuvre était « The colours of the world» en collaboration avec le célèbre scénariste Italie Marcello Toninelli, scénariste de comics Italien ZAGOR.
En 2006, la Fédération Internationale de la Bande dessinée d’Angoulême et le ministère des affaires étrangères français a lancé un concours « Vue d’Afrique » où ma BD « L’Apparence » ait pu récolter le 3 ème prix. Cette récompense m’a permis de suivre une formation au Pôle Magelis d’Angoulême. Bon nombre de mes œuvres sont ensuite exposées et archivées au festival de BD d’Angoulême où je suis régulièrement invité.
De 2006 à 2009, j’ai été désigné vice-président de l’association « L’Afrique dessinée » en France. Nous animions régulièrement des ateliers, publions des BD collectives etc….. J’ai pu participer activement à des projets importants de cette association, comme l’album en studio « Le secret du manguier ou la jeunesse volée », l’album collectif « Une journée dans la vie d’un africain d’Afrique », ou encore l’Afrique du sud « Thembi et Jetje des tisseuses de l’arc en ciel ».
Plusieurs lecteurs malgaches ou africains me posaient cette question.
En fait, comme je suis de nature très curieux des cultures des autres, et que j’aime les relations humaines et la communication, je ne voulais pas rester fermé sur un thème uniquement malgache ou africain.
Ainsi j’ai eu la chance de travailler avec un scénariste qui correspond exactement au profil que j’ai imaginé : Bruno Fermier. Quand j’ai lu son scénario EVEN pour la première fois, j’ai tout de suite été intéressé car ce scénario n’est pas très loin du style scénaristique que ce que je souhaitais dessiner. Le courant est tout de suite passé entre Bruno et moi, assez normal car nous sommes de la même génération.
L’histoire est très amusante et chaque tome a une histoire complète basée par des faits réels et mal connus du public. C’est l’une des forces de cette série bd. Even est un agent d’Henri II, envoyé par celui-ci en mission dans différent pays. Dans le tome 1 « Silvius », la BD parle de la religion chrétienne, la guerre entre les catholiques et les protestants. Les gens qui se sont convertis au protestantisme sont exterminés et assassinés dans la région Vaudois.
Even est prévu pour 6 tomes pour les 1ers cycles, ce qui est assez rare dans la situation du monde d’édition actuelle.
Côté éditeur, Yil éditions, crée en 2012 a accepté de travailler avec nous il a vocation fédérative. Il a soutenu avec enthousiasme notre projet. Il a un mode de fonctionnement diffèrent par rapport aux autres éditeurs. Les auteurs peuvent donner des suggestions pour améliorer le mode de fonctionnement de l’édition. Un espace de discussion - forum - existe même pour les auteurs et éditeurs. Avant de passer sur les rayons des librairies et grandes surfaces, nous procédons nous même à la vente des bd lors les festivals ou sur Internet notamment. Les albums d’Even sortiront dans tous les libraires courant 2015. L’édition se développe progressivement.
Oui, j’ai toujours des relations étroites avec plusieurs dessinateurs malgaches, dans les associations ou en dehors. J’ai effectué un voyage à Madagascar en 2011 où j’ai rencontré plusieurs d’entre eux. Nous avons parlé de plusieurs sujets comme notamment le souhait d’organiser des festivals comme aux bons vieux temps. Mais mes activités en France ne permettent pas de m’engager sur d’autres projets actuellement. Cela ne veut pas dire que je n’y pense pas.
Mes amis dessinateurs m’informent assez régulièrement des actualités de la BD à Madagascar. Internet, outil de communications formidable, est évidemment une source intarissable.
Grâce à ces relations avec mes collègues auteurs de BD malgache que j’ai pu fournir des éléments sur leurs biographies à Christophe Cassiau qui a sorti un dictionnaire de la bd de pays francophones en octobre 2013. Ce dictionnaire est très important car c’est un répertoire et une carte de visite pour faire connaître les auteurs BD malgache à l’étranger.
Merci à Madaplus de m’avoir contacté pour faire cette interview. Pour les lecteurs qui veulent acheter EVEN, en attendant de voir les albums dans les librairies pour cette année 20015, il est possible de les commander en ligne sur le site de Yil éditions : http://www.yil-edition.com/catalogue/.
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