Quel est l’intérêt de la France à refuser de céder les îles Eparses au large de Madagascar ?
Quand on regarde une carte, on s'aperçoit que les îles Eparses occupent tout le canal Mozambique, depuis le sud de Madagascar jusqu'aux Seychelles au nord en passant par Mayotte, département français... Et si on compte Tromelin et l'île de la Réunion, autre département français, on s'aperçoit que Madagascar est en fait littéralement entourée de territoires français - comme une ceinture. Et qui dit territoire français dit évidemment les eaux territoriales qui vont avec. Presque tout le couloir central du canal du Mozambique est français, grâce à trois de ces îles Eparses : Europa, Bassas da India et Juan de Nova. L’intérêt à refuser de céder les îles Eparses est d’abord stratégique pour l'armée française. Il y a aussi les intérêts économiques, la pêche évidemment. Et là où cela devient plus intéressant, c'est que depuis une vingtaine d'années environ, le canal du Mozambique est considéré comme le nouvel eldorado du pétrole et du gaz sous-marin, offshore. Pour l'instant, ce potentiel n'en est toujours qu'au stade de l'étude, mais chaque mission d'exploration parle de centaines de millions, voire de milliard de barils de pétrole et de gaz, qui se trouveraient dans la zone...
La question des îles Eparses est depuis longtemps à l’ordre du jour de la session de l’Assemblée générale de l’ONU, mais à chaque fois reportée. Comment expliquer cet immobilisme de l’ONU ?
C'est difficile à expliquer. Il y a bien une résolution des Nations unies datant de 1979, renouvelée en 1980, qui demande à la France d'engager des négociations urgentes afin de rétrocéder ces îles Eparses à Madagascar... En revanche, on a pu constater qu’à chaque fois qu'ils se sont exprimés à la tribune des Nations unies, les présidents malgaches des quinze dernières années n'ont jamais abordé le sujet. Par ailleurs, l'île française de Tromelin, évoquée juste avant et qui se situe du côté-est de Madagascar, dans l'océan Indien, cette île faisait l'objet d'un contentieux similaire à celui des îles Eparses avec Maurice. La France a signé en 2010 un accord de « cogestion économique » de Tromelin avec l'ile Maurice. Un accord qui dit d’abord que Tromelin reste française, mais ensuite que cet accord de cogestion « pourrait ouvrir la voie à des accords similaires avec Madagascar sur les îles Eparses ». D'ailleurs, dans sa dernière déclaration sur le sujet, le nouveau président malgache Hery Rajaonarimampianina va dans ce sens, employant le mot « cogestion » et disant : « à mon avis, la France ne serait pas contre une mutualisation des intérêts avec Madagascar »...
(Source : http://www.rfi.fr/ )