En 2011, plusieurs de ses membres se sont lancés dans un projet parallèle : la réalisation de fours à base d’argile. Le but ? Utiliser les propriétés de conservation de l’argile pour que le four soit moins gourmand en bois de chauffe. Le résultat est plutôt probant : le four de Tandavanala, baptisé Tsinjo Harena, consomme près de 70% de bois de moins qu’un four classique.
"Pour cuire six gobelets de riz, un four classique nécessite dix rondins de bois ; le nôtre, seulement trois"
Nous cherchions une solution et l’idée a très vite été d’élaborer un four économe. Nous avons regardé ce qui se faisait aux États-Unis ou en Europe mais vu les prix des fours, parfois plusieurs centaines d’euros, il était inenvisageable de les vendre à Madagascar. Grâce à l’aide financière d’une l’ONG néerlandaise, Icco Cooperation, nous avons acheté différents modèles, et en les analysant, nous avons développé en 2013 un premier prototype de four fait d’argile, de cendres, de paille et terre rouge. Il était plutôt concluant et a permis d’utiliser moins de bois de chauffe, mais il y avait un problème : il se cassait facilement.
Nous avons alors élaboré un second prototype avec l’aide technique du CNRIT, plus solide et plus économe. Selon les études réalisées sur les prototypes, il permet 69 % d’économies en bois. Ce prototype est fait avec du sable, mais aussi du kaolin, qui s’est avéré plus efficace que les cendres pour solidifier le four, et bien sûr essentiellement de l’argile de bonne qualité."
"Il nous faut absolument trouver des fonds pour subventionner la suite de la production"
Nous faisons face à un problème de coût. Nous avons organisé une large consultation citoyenne pour connaître les besoins des habitants et savoir quel prix ils seraient prêts à mettre dans ce four. Le résultat est autour de 5 000 ariarys par four (environ 1,50 euro), or un four nous coûte 15 000 ariarys (environ 4,50 euros) à fabriquer. Grâce aux subventions d’Icco Cooperation, nous avons pu produire une centaine de four et les vendre à 5 000 ariarys dans les villages autour de Fianarantsoa. Mais il nous faut absolument retrouver des fonds pour subventionner la suite de la production, sans quoi nous ne pourrons pas vendre au prix du marché et personne ne nous achètera le four. Avec l’aide d’Icco, nous pourrons produire jusqu’à 2 000 fours, c’est bien mais nous visons plus, on voudrait équiper un maximum de foyers malgaches.
L’utilisation de four économes en énergie doit par ailleurs avoir des effets économiques et sociaux positifs : augmentation de pouvoir d’achat grâce à la baisse du budget consacré au bois de chauffe, réduction des risques de maladies avec la baisse des émissions de fumée, amélioration de la qualité de l’air dans les maisons.
Madagascar est l’un des pays les plus touchés par la déforestation, notamment à cause de l’utilisation massive du bois de chauffe, mais aussi de la culture sur brûlis, du trafic du bois de rose et de l’exploitation minière. En 2014, l’île a perdu 318 000 hectares de forêt, soit près de 2 % de sa superficie forestière totale, alors que sur l’ensemble de la planète, 18 millions d’hectares ont été perdus.