Il ne faut pas se leurrer : Le dénouement du second tour des élections présidentielles ne changera pas fondamentalement la donne à Madagascar. Bien naïf celui qui prétendra le contraire. Il ne s’agit pas de verser dans le pessimisme noir mais simplement de faire un constat : la structure du pouvoir n’a pas changé en cinquante années d’indépendance. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on est parti pour cinquante autres années de galère qui feront le bonheur des « treizemaiïstes » de tout bord.
La conquête du pouvoir : un jeu à deux
L’alliance est une stratégie très ancienne à Madagascar. Nul n’a jamais pu conquérir le pouvoir ni le conserver sans s’allier à une entité sociale identifiable comme telle ou non. C’est la permanence de cette possibilité de voie d’alliance qui régule, en premier, la vie politique malgache. La destinée du reste de la population (je n’utilise pas le mot « peuple » faute d’avoir une idée précise de ce qu’est un peuple) découle en grande partie du maintien ou de la rupture de l’alliance mise en place par celle ou celui qui veut le pouvoir.
La détermination de l’avenir de la nation malgache dépend ainsi de la force respective et de l’entente de deux entités : un leader
charismatique (+ ses proches) et une entité plus ou moins visible et identifiable qui entoure celui-ci. Cette entité rassemble souvent mais pas nécessairement une (grande) partie de l’élite financière et intellectuelle du pays. La majorité dite silencieuse est par définition constituée de celles et ceux qui n’appartiennent ni à l’entourage proche du leader charismatique ni à l’entité qui a mis celui-ci à la tête du pays.
Il est clair que dans tout ceci le rôle de cette majorité silencieuse se réduit à adouber un leader qu’elle n’a pas réellement choisi.
Esquisse d’un programme de refondation
Si le programme de refondation de Madagascar remis au goût du jour par un de nos (célèbres) commentateurs politique devait avoir une ligne conceptuelle claire et bien définie- et il doit en avoir une-, celle-ci tiendrait en trois mots : « renouvelabilité » des élites.
J’entends par-là non seulement la « renouvelabilité » de la classe politique mais également de celle qui détient le pouvoir économique.
Je détaillerai dans un prochain billet le contenu du concept de « ‘renouvelabilité’ des élites » et les moyens de traduire cette idée en une réalité tangible. Néanmoins, je peux définir dès maintenant les deux objectifs prioritaires d’un programme de refondation de la vie politique malgache:
1/ METTRE FIN AU « TREIZEMAIÏSME » : Grandiloquence, volonté systématique de faire table rase du passé, diabolisation de l’autre et culte de la personnalité. Bref, tout ce qui a fait de Madagascar ce qu’il est actuellement, l’un des pays si ce n’est le pays le plus pauvre du monde.
2/ DONNER A LA MAJORITE SILENCIEUSE LE POUVOIR D’AVOIR UNE PRISE SUR SA DESTINEE
Mais d’ici-là, j’attends vos commentaires sur Newechos.info, le site de la liberté d’expression.
(Source : http://www.newsecho.info/ )