« Nous venons de boucler notre proposition de restructuration de la CES. Nous allons soumettre celle-ci au gouvernement », a indiqué Alain Tehindrazanarivelo, membre du « Collectif des candidats », regroupant une vingtaine de prétendants à la magistrature suprême vendredi.
Le Collectif des candidats prévoit des membres observateurs, désignés par la société civile, par la communauté internationale, les candidats validés par la nouvelle CES et par les signataires de la Feuille de route. Ils complètent les membres titulaires, à savoir les six magistrats, représentant chacun une province à l’issue d’un vote par leurs pairs, trois administrateurs et deux enseignants d’université.
À entendre Alain Tehindrazanarivelo, l’objectif est de « prévenir toute décision irrévocable, lourde de sens, comme c’est le cas en ce moment ». Le Collectif des candidats, regroupant entre autres, Jean Lahiniriko, Jean-Eugène Voninahitsy ou encore Fleury Lezava Rabarison, pense que cette disposition « matérialise la transparence et permet de lever tout doute, exprimé par les observateurs, avant toute décision de la Cour ».
La proposition du Collectif des candidats est la cinquième qui atterrit au bureau du gouvernement. Outre les trois avant-projets de loi de la Primature, du ministère de la Justice et du ministère chargé des Relations avec les institutions, le Comité de suivi et de mise en œuvre de la Feuille de route pond également un autre texte validé par les signataires du document censé gérer la Transition. Pêle-mêle, ces textes, prévoient la désignation des assesseurs, ou encore l’élargissement des membres de la chambre spéciale aux universitaires et à la société civile.
Le conseil du gouvernement du 22 juillet examinera ces cinq textes. Il devra trancher en tenant compte du délai du 31 juillet fixé par le Groupe international de contact (GIC) pour espérer une élection appuyée par ce dernier. C’est l’échéance décidée pour l’ensemble de l’opération, pour régler le cas de la liste des candidats à la présidentielle.
Vitesse et précipitation
L’Exécutif se trouve dans l’obligation d’avancer sans confondre vitesse et précipitation, pour tenir les élections cette année. L’échéance du 31 juillet suppose la restructuration effective de la CES dès le début de la semaine prochaine pour lui permettre de réexaminer la liste des candidats.
Auparavant, l’ordonnance modifiant la loi sur la présidentielle concernant la possibilité de retrait des candidats devrait être prise pour ne pas placer la CES dans une situation intenable dans la gestion du cas des trois candidats ciblés par la communauté internationale. Pour y arriver, l’épineuse question relative au désistement de Andry Rajoelina, président de la Transition, de l’ancienne Première Dame Lalao Ravalomanana et de l’ancien président Didier Ratsiraka, devrait d’abord être réglée, alors qu’officiellement, ces derniers martèlent le maintien de leur candidature.
Les réunions se multiplient dans chaque camp politique pour gérer au mieux une semaine importante qui pointe à l’horizon. Outre la pression internationale, des acteurs politiques de tous les camps choisissent le terrain pour se faire entendre. Laza Razafiarison, membre du « Collectif des candidats » annonce un projet de descente dans la rue lundi, pour évincer les trois candidats. Le rassemblement des partisans de la mouvance Ravalomanana au Magro dans la journée s’apparente à une réponse à toutes ces pressions pour le retrait de l’épouse de l’ancien Président.
L’insistance du « Collectif des candidats » sur le respect des délais de dépôts de candidature et celui concernant la « résidence physique » de six mois avant le dépôt de candidature dans sa proposition s’apparente à l’aménagement d’une porte ouverte aux trois candidats ciblés par la communauté internationale. Mais la démarche s’apparente aussi à une pression pour certains d’entre eux, pour qu’ils se désistent de la course à la magistrature suprême.
Iloniaina Alain