En tout, dix-neuf membres dont six magistrats qui seront mis en minorité dans les délibérations. On voit d'ici le sort réservé par cette nouvelle CES aux candidatures de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka. À la lumière de la déclaration de Ramtane Lamamra, Rajoelina se retirerait de lui-même. La CES n'a pas été restructurée pour sortir la même liste de candidats que sa devancière. Et si Rajoelina a accepté ce point parmi les sept commandements du GIC, ce n'est pas pour laisser les choses en l'état. La nouvelle composition de la CES a été faite de sorte qu'on puisse arriver à exaucer les vœux du GIC.
Mais l'éviction quasi-certaine de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka devrait être assortie d'autres disqualifications motivées par les mêmes raisons pour faire passer la pilule et pour donner un semblant de crédibilité à la nouvelle CES. Trois candidats au moins se trouvent dans la même situation que Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka pour n’avoir pu justifier une résidence physique à Madagascar six mois avant l'élection, du moins si l'élection avait eu lieu le 24 juillet. Il s'agit de Ny Rado Rafalimanana, résident à Dubaï avant son retour en début d'année, de Kolo Roger et de Jules Etienne, résidents en France. Leur cas n'a jamais été évoqué par le GIC, peut-être à cause de leur anonymat ou de leur petit poids électoral. Il faut dire, que le GIC le veuille ou non, que les candidatures de Lalao Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Andry Rajoelina réunies rassemblent plus de 60 % des voix.
Remplaçants
La nouvelle loi sur la CES permet aux candidats évincés de désigner des remplaçants mais, tels qu'on les connaît, on voit mal Ravalomanana et Ratsiraka avoir confiance en des suppléants. S'ils sont écartés, ils vont certainement préférer le boycott de l'élection à une figuration. L'absence d'un candidat de la mouvance Ravalomanana réduira la crédibilité de l'élection. Le GIC a toujours milité pour que toutes les mouvances, en particulier celle de Ravalomanana, victime de coup d'État et point central de la crise depuis quatre ans, participent à l'élection. Du moins avant le ni…ni, puis la candidature de Lalao Ravalomanana et la volte-face de Rajoelina.
Le président de la Transition aurait accepté de se retirer volontairement tout en maintenant ses conditions, en l'occurrence, l'éviction des candidatures de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka. Mais il n'y a pas que cette condition. Outre le fait d'avoir été déposé hors délai, la candidature de Rajoelina, auteur d'un coup d'État selon la communauté internationale, est aussi frappée par la charte de l'Union africaine qui lui interdit de se présenter à une élection pour un retour à l'ordre constitutionnel. Rajoelina réplique que tous les candidats qui ont participé à ce coup d'État et qui se trouvent d'ailleurs sur la liste des cent-neuf personnes sanctionnées par l'Union africaine, soient aussi écartés de la liste. Avec la recomposition de la CES, il pourrait gagner sa revanche sur ses anciens compagnons de galère qui ont choisi de faire cavalier seul, à l'image de Hajo Andrianainarivelo, Jean Lahiniriko, Rolland Ratsiraka, Camille Vital, Julien Razafimanazato et Noelson William.
La CES pourrait, ainsi, être tentée de faire un grand coup de balai pour réduire un tant soit peu le nombre de candidats afin de faciliter la tâche de la CENIT et le choix des électeurs. Elle pourrait, d'ailleurs, prendre en compte d'autres paramètres comme l'alerte donnée par la direction générale du Trésor concernant certains candidats débiteurs de
l'État dont la candidature est certainement motivée par le souci de se mettre à l'abri et qui ne se trouvent pas à l'adresse indiquée sur leur dossier. Pourtant, ils se permettent de faire une campagne à coup de centaines de milliards d'ariary. Pour eux, une éviction éviterait au pays une nouvelle crise sitôt sortie de l'actuelle.
Reste à savoir, maintenant, si ces disqualifications permettront d'organiser l'élection dans le calme et la sérénité. C'est moins certain.
Herisetra