De nombreux conflits sociaux ébranlent l'île depuis plusieurs semaines. Les employés de Jirama, la compagnie publique d'électricité, sont en grève pour manifester leur mécontentement sur la gestion de l'entreprise. Avant eux, ce sont les professeurs d'université qui réclamaient plus d'indemnités. Les employés de l'Institut national de statistiques, de leur côté, n'avaient pas touché leurs salaires depuis deux mois.
Quant aux grévistes de la compagnie Air Madagascar, ils protestaient par exemple contre le non-versement de cotisations à leur caisse de retraite par la société et exigeaient le départ des dirigeants actuels, notamment du président du conseil d’administration qui était aussi directeur de cabinet du président de la République. Bref, l'île accumule les mouvements sociaux.
Pour l'universitaire malgache Solofo Randrianja, ces évènements sont symptomatiques de quelque chose de plus profond. La situation générale du pays est un premier élément, selon lui. « Depuis le coup d’Etat à nos jours, on est passé de plus de 60% de la population qui vivait [avec] moins de 2 dollars par jour à 92%, ce qui est énorme. La principale cause c’est la pauvreté croissante », analyse-t-il.
« Un manque de légitimité du pouvoir actuel »
Il précise néanmoins que les grèves ne concernent « qu’une petite partie de la population » et que cette partie est la « mieux protégée ». S'il y a eu des tentatives de politisation de ces grèves, « l’opposition se trouve surtout dans les grandes villes », rappelle-t-il. L'équilibre est un peu précaire entre les milieux urbains et le monde rural, qui a « un vote légitimiste » et où il y a une « espèce d'inertie ».
Solofo Randrianja estime que s'il y a une crise, « ça sera une crise institutionnelle d’abord, avec risque de dérapage de grève généralisée et peut-être avec des manifestations dans la rue ». Mais il analyse qu'avec trois acteurs politiques majeurs en lice, donc un trio et non une opposition bipolaire, « cela peut jouer en faveur du régime ».
Source : rfi.fr