À cette occasion, Arisoa Razafitrimo, ministre des Affaires étrangères, qui a représenté le Président Hery Rajaonarimampianina, a mis les points sur les « i » et est allée droit au but. Dans son discours d’ouverture à cet événement, elle a tenu à indiquer que des normes de droit international universellement admises veulent qu’aucun citoyen, quelle que soit sa situation, ne peut prévaloir d’exonération de poursuite judiciaire et être au dessus de la Loi.
Cette déclaration de la ministre fait référence au cas de l’ancien Chef d’État, en exil en Afrique du Sud depuis 2009 et qui est sous poursuite judiciaire, aussi bien dans ce pays qu’à Madagascar.
En marge de la réunion, Arisoa Razafitrimo a été plus explicite. Elle a précisé que les conditions sur le retour de Ravalomanana à Madagascar ne sont pas encore toutes réunies. « Il faut se demander ce qu’il apportera au pays s’il vient à rentrer à Madagascar Si on estime que son retour pourrait créer des troubles, est-il nécessaire d’y insister », a-t-elle poursuivi.
La ministre se veut, toutefois, rassurante et affirme que le régime Rajaonarimampianina n’a pas ménagé ses efforts dans ce sens. « Depuis la réunion du (GIS-M) 28 mars, le gouvernement a axé ses efforts sur la stabilité politique, la paix sociale, la poursuite de la réconciliation nationale et la relance économique. Il s’est attaqué aux préparatifs des communales et les autres aspects de la Feuille de route à savoir le retour des exilés politiques, l’indemnisation des victimes des événements de 2002 et 2009 ainsi que la continuation du processus de réconciliation nationale », a-t-elle souligné.
Position variée
Pendant la session à huis-clos de cette rencontre, la Communauté internationale a rappelé à la partie malgache que des points de la Feuille de route attendent toujours d’être appliqués, a confié une source avisée. Effectivement, il y a eu des discussions importantes sur le retour des exilés, de l’indemnisation des victimes de la crise de 2002 et 2009, a confirmé Hawa Ahmed Youssouf, représentante de l’Union africaine.
Celle-ci a déclaré que personne ne peut empêcher un ressortissant malgache de rentrer chez lui. « Des conditions sont encore à remplir mais ça n’empêche pas le retour des exilés politiques », a-t-elle mis en exergue. Eric Wong, représentant diplomatique américain à Madagascar, a été plus bref en indiquant que des défis sont encore à relever. Gert Johannes Gobbler, ambassadeur sud-africain, de son côté, a affirmé que le retour de Ravalomanana dans la Grande île n’est pas encore possible dans l’immédiat. Il encourage, en revanche, le dialogue entre l’ancien locataire d’Iavoloha et le Président Rajaonarimampianina afin de parvenir à une entente.
Le retour à Madagascar de Ravalomanana divise toujours autant. Aussi bien au niveau de la classe politique locale qu’au niveau de la Communauté internationale, la position des acteurs est variée. Marc Ravalomanana est accusé par la Justice malgache d’être le commanditaire de la tuerie du 7 février 2009 devant le palais d’Ambohitsorohitra. Son procès, qui s’est tenu pendant la période transitoire, est qualifié « d’élimination politique » par ses partisans.
À maintes reprises, il a manifesté son souhait de retourner à Madagascar, mais en vain. Après la défaite de son candidat lors de la Présidentielle de 2013, il a décidé de soutenir le candidat vainqueur Hery Rajaonarimampianina. Un soutien qu’il a réitéré récemment lors de son intervention téléphonique à la presse locale.
Lova Emmanuel
(source : l'expressdemadagascar)